Suzy se trouvait dans le bloc opératoire, l’anesthésiste était prêt à lui faire la piqûre, elle devait être opérée d’un sein, à la suite d’un cancer.
Suzy a senti la piqûre, elle entend le personnel parler sans pouvoir les voir, une voix demande un bistouri et une autre répond :
- Attention ce n’est pas le gauche mais le droit !
- Oui, je viens de le voir.
Suzy a envie de crier « Vous n’allez pas m’opérer d’un sein qui n’est pas malade » Aucun son ne sort de sa bouche, elle entend tout mais ne peut rien dire ni bouger ; elle se sent angoissée, le médecin lui avait dit qu’elle aurait l’anesthésie générale, alors pourquoi ne dort-elle pas ?
Une voix d’homme dit en riant :
- Dommage de faire une ablation, elle a de beaux seins !
- Non, on retire les métastases, on ne fait pad d’ablation, peut-être plus tard !
Suzy se sent inquiète, elle ne savait pas qu’elle risquait une ablation, cela ne l’amuse pas du tout, elle en veut à la voix d’avoir parlé de sa belle poitrine, il aurait pu penser à elle qui entendait tout.
Au bout d’un moment l’opération est terminée, Suzy est recousue, elle s’est assoupie sans s’en rendre compte. Au réveil, la panseuse demande :
- Comment allez-vous, avez-vous mal ?
- Pas de trop, ça peut aller ; dîtes s’il vous plaît, pourquoi vous ne m’avez pas fait d’anesthésie générale ?
- Mais vous étiez sous anesthésie générale !
- Pourtant j’ai entendu la conversation au début ;
- Pas possible dit l’infirmière panseuse ;
- Je vais vous répéter. Suzy traduisit ce qu’elle avait retenu au grand étonnement du service, les médecins s’étaient approchés. Tous semblaient ébahis et perplexes, ils ne comprenaient pas et chacun partit de son côté sans répondre.
Une infirmière débrancha les fils, enleva les sparadraps et tout ce qui pouvait la gêner en disant :
- Vous allez pouvoir remonter dans votre chambre ;
- Merci, j’aimerai comprendre pourquoi j’ai pu entendre la conversation ?
- Je ne sais pas, adressez-vous au médecin.
Suzy ne dit rien, elle se retrouva dans sa chambre, elle savait que le médecin passerait la voir, elle l’attendait de pied ferme. Vers midi il arriva en disant :
- Vous allez bien ?
- Très bien, mais vous ne m’avez pas fait une anesthésie complète ?
- Si vous ne pouviez pas parler c’est que vous l’étiez, il arrive qu’on entende le début de la conversation, c’est sûrement la raison ;
- J’ai entendu plus que le début mais je ne pouvais rien dire ;
- Tout s’est bien passé, n’y pensez plus, ce n’était qu’un mauvais rêve.
Le médecin sortit, il alla retrouver l’anesthésiste pour comprendre ce qui s’est passé, il lui demanda :
- Au 112 tu as fait quelle anesthésie ?
- J’ai fait un essai entre anesthésie locale et complète, je crois que cela a marché ;
- Tu n’avais pas le droit, la malade a entendu la conversation sans pouvoir se manifester, nous voilà bien !
- Au moins c’est sûr que c’est moins dangereux comme anesthésie, il suffira de prévenir les médecins de ne pas dire de bêtises durant l’opération.
Pendant ce temps Suzy pensait qu’elle avait sûrement rêvé, ce n’était pas possible autrement.
Elena 2009