LE COUPLE IDEAL

 

Piotr était ingénieur, il connut Lydia à Paris, durant la guerre. Elle était rédactrice dans un journal russe édité à Paris. Ils se sont mariés, eurent trois enfants.

Piotr faisait partie de la noblesse, il faisait des baisemains, se conduisait en gentleman en toute occasion. Lydia fumait, Piotr ne fumait pas mais il avait toujours un briquet dans sa poche pour allumer la cigarette de sa femme.

Ils faisaient partie du couple le plus uni de la communauté russe.

Ils aimaient recevoir, les gens adoraient aller chez eux. Lydia était une maîtresse de maison accomplie et savait cuisiner, tous deux étaient cultivés et les hôtes ne s’ennuyaient pas chez eux.

Les années passèrent, leur bonheur restait intact au vu de tous !

Un jour, j’appris que Lydia allait mourir d’un cancer du sein, elle n’avait pas voulu se faire opérer, il y avait trop de risques. Elle voulait élever ses enfants d’abord.

Quand elle mourut, il y  avait beaucoup de monde à l’enterrement, Piotr pleurait, c’était poignant.

En fouillant ses affaires une de ses filles, adulte, retrouva son journal intime. Elle y racontait son amour pour un autre homme , c’était avant Piotr. L’homme qu’elle avait aimé ne pouvait pas l’épouser, ses parents avaient refusés. Raison simple, il était de descendance trop noble pour épouser une jeune fille ayant un père portant un nom juif. Elle était pourtant orthodoxe.

Piotr était au courant, il l’épousa sachant qu’elle voyait l’autre homme, c’était aussi son ami,  il s’était marié avec une femme noble et leurs enfants jouaient ensemble.

Ce que Piotr découvrit c’est que sa femme n’avait jamais aimé un autre homme depuis, elle avait de l’affection pour lui, pas de l’amour.

Deux ans s’écoulèrent, Piotr se lia avec une voisine française, ils se marièrent.

Aucun des anciens amis ne voulut venir au mariage, pas même les enfants.

Piotr vit heureux encore dix ans avec son épouse française, la maladie l’emporta, son épouse l’annonça dans les journaux russes de Paris.

A l’enterrement, sur ses trois enfants, un seul était présent, les amis se comptèrent sur les doigts de la main. Beaucoup ne saluèrent pas l ‘épouse française.

Je partis pleine de honte et de colère.

Elena 2008

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