LE MENAGE

Nous étions un samedi, jour du ménage, normal lorsqu’on travaille et les enfants sont encore petits.

J’étais mal habillée, un foulard sur la terre et je rangeais les bureaux,  brusquement mon mari entre et m’interpelle – Il faut que tu ailles à la mairie ils ont besoin de toi, il y a un astronaute russe qui vient d’arriver et il veut

visiter le C.E.V (centre d’essai en vol, très connu à Brétigny). Comme Personne ne m’a prévenu, j’étais plus en tenue de travail ménager, je fis la moue enlevai mon tablier mais pas de vêtements, juste mis une barrette à mes cheveux. Mon mari me pressait, alors je dis – Tant pis si je ne suis pas présentable- Je le suivis.

En arrivant, je vis un bel homme au charme fou, regard pénétrant, chaleureux, bref il avait tout pour plaire et ce n’était pas si fréquent, il s’approcha me tendit la main et déclina son nom.

Là je fais un stop, je suis impardonnable, je ne l’ai pas retenu ; depuis des années j’essaie de le retrouver d’après les photos mais je ne le revois pas.

Continuons, je serre sa main en déclinant mon nom y compris le nom de mon père comme on fait officiellement.

A ce moment, un homme, que je trouve antipathique se présente, il est son interprète.

Je fais grise mine, primo un interprète Russe ne dit pas toujours la vérité, il faut les surveiller tout le temps pour rattraper les non-dits ou les vérités arrangées.

J’ai failli me laisser charmer en passant un bon moment avec un charmant cosmonaute, le ménage m’en a empêché.

Au début je me suis rendu compte que j’avais des traces de poussière sur moi, je ne m’étais pas lavée et je nettoyais un bureau poussiéreux, puis ma robe était sale. La honte me saisit d’effroi, je me réconfortai en me disant « le ménage ne peut pas attendre » et je me vois dire en rougissant

-         Avez-vous réellement besoin de moi ?

-         Vous n’êtes pas disponible fit le maire ?

-         Pas vraiment, je n’étais pas au courant

-         Alors on se débrouillera répondit le maire , excusez-moi de vous avoir appelé.

Quelle honte, je n’avais plus qu’à dire au revoir au charmant cosmonaute et me retirer comme une voleuse alors que je mourrais d’envie de rester un peu plus de temps et entendre parler de son voyage dans l’espace.

Je suis rentrée aussi triste que je suis venue, j’ai pris un chiffon et j’ai continué à astiquer, les enfants m’ont posé  plein de questions, je n’avais rien à leur dire. Je n’allais quand même pas leur avouer ma déception devant la plus grande sottise que je fis : éviter un cosmonaute pour une heure de ménage. Je ne pense pas qu’une autre l’aurait fait !

Elena 2008

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