ELISABETH

 

C’était une vieille femme, paralysée, échappée des camps de concentration. Seule une main fonctionnait sur ce pauvre corps. Elisabeth avait une femme de ménage, Angèle , elle n’avait qu’un défaut, elle aimait un peu trop les boissons alcoolisées et le soir en partant, elle chancelait légèrement.

Elisabeth avait perdu son mari au camp et réchappée, elle était tombée d’un escalier, depuis elle était paralysée, son visage ne l’était pas, elle nous racontait sa vie, ses cachettes durant la guerre, parlait de son mari mais peu du camp, le traumatisme était trop fort.

Nous la connaissions bien ainsi qu’Angèle, fidèle servante qui supportait les sautes d’humeur de sa maîtresse, il faut dire qu’Elisabeth n’était pas d’un tempérament calme, elle nous demandait de jouer aux cartes mais si elle perdait elle se fâchait et jetait les cartes. Je finis par ne plus accompagner ma mère chez elle tellement elle pouvait être pénible.

Un jour ma mère m’appelle affolée, Elisabeth était morte la nuit dernière par asphyxie de gaz. Je compris qu’Angèle en partant le soir n’avait pas remarqué que le bouton de gaz était resté allumé, Elisabeth dormait seule et le matin Angèle la trouva morte, affolée elle appela ma mère puis la police.

Ensemble, nous sommes allées voir Angèle, elle était rouge et nous avions vues qu’elle avait beaucoup pleuré, elle aimait sa maîtresse et ne se pardonnait pas une telle imprudence. Ma mère la consola comme elle put.

Plus tard nous avions appris qu’Angèle était coupable de la mort d’Elisabeth, les policiers avaient trouvé les bouteilles de vin qu’Angèle consommait, comme sa maîtresse ne buvait pas on considéra qu’elle n’était pas dans son état normal au moment de son départ et son oubli fut puni de quelques années de prison.

Je n’ai plus eu de nouvelles d’elle mais j’ai le portrait d’Elisabeth qui trône fièrement chez moi.

Elena 2008

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